A propos du New Age
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Le New Age, plus qu'une attitude recherchant des « nouvelles » voies dans la spiritualité, et plus qu'un jeu de pratiques et de dogmes plus ou moins « adaptables » aux personnes et aux pays, est fondé sur une lecture du monde voisine du gnosticisme des premiers temps du Christianisme. Ce gnosticisme, analysé et critiqué par les Pères de l'Eglise catholique romaine durant les premiers siècles du Christianisme, n'a fait que changer de forme, mais sa mémoire est toujours vivante.
Cet article tente d'apporter quelques éléments quant aux théories qui fondent le New Age, théories qui, hier comme aujourd'hui, revêtent la même dangerosité pour les personnes qui y adhèrent, comme pour les hommes qui, n'y adhérant pas, sont les objets licites d'un « grand dessein » auquel on ne leur demande pas de participer.
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L'ancètre du du New Age
Le New Age est basé sur la théosophie, ou théosophisme selon la terminologie de René Guénon, « discipline » inventée par Helena de Blavatsky à la fin du XIXème siècle. Cette aventurière reconnue pour ses arnaques en tout genre et poursuivie pour des fraudes diverses dans tout un tas de pays, avait bâtie sa réputation sur ses talents de « médium ». Un voyage en Inde donna une autre dimension à sa « carrière ». Elle écrivit des livres sous la dictée d'un esprit, « d'un niveau spirituel très élevé », expliquant comment le monde fonctionnait et quelles étaient les personnes qui avaient un rôle dans ce fonctionnement.
Le phénomène se limita assez vite aux cercles restreints de l'ésotérisme, cercles dans lesquels on comptait, au début du XXème siècle, des érudits assez bien renseignés pour ne voir en Mme Blavatsly qu'une escroc. Mme Blavatsky sortit néanmoins quelques ouvrages qui sont restés (et disponibles gratuitement sur le net), ouvrages ésotériques imposants et chaotiques dont le mystère était, à l'époque, le plus grand intérêt.
Mme Blavatsky avait inventé, sans le vouloir véritablement, le terme de « channeling », c'est-à-dire la capacité d'être en relation médiumnique avec des esprits qui dictaient ce que l'on devait écrire. Ce concept devait être très utilisé pr la suite, notamment par Alice Bailey.
Le new Age d'Alice Bailey
Principes
Mme Bailey est la véritable fondatrice du mouvement New Age. Elle reprit les concepts du théosophisme et composa un grand nombre d'ouvrages (disponibles gratuitement sur le net) qu'elle aurait écrit sous la dictée d'un grand maître spirituel tibétain, par channeling.
Dans l'ensemble de ses livres, Mme Bailey porte un jugement parfois très inquiétant sur un certain nombre de points historiques. En particulier, ses jugements sur les grandes dictatures de la Seconde Guerre Mondiale peuvent laisser pantois[1].
Sa doctrine est simple et flatte les ésotéristes intellectuels :
- les êtres se réincarnent ;
- le monde a toujours été dominé par une « hiérarchie spirituelle » à sept niveaux ;
- les prophètes et les saints sont classables sur cette échelle de valeur ;
- les gens « courants » sont au bas de l'échelle spirituelle ;
- Jésus et le Christ sont « deux », soit la personne physique d'une part, et le « Christ » d'autre part, Christ qui s'incarne selon les temps dans différents autres corps physiques ;
- le Christ doit revenir sur terre, mais non Jésus ;
- préparer le retour du Christ est la grande mission de la hiérarchie spirituelle ;
- l'humanité doit progresser spirituellement, c'est le « grand dessein ».
Un homme n'est pas un homme
Quelques éléments peuvent laisser songeur après la lecture du Traité des sept rayons par exemple. Mme Bailey voit le monde comme devant être régi par des êtres d'exception comme elle (au moins niveau 4 sur l'échelle spirituelle), s'occupant de prodiguer la bonne parole aux gens de très bas niveau sur l'échelle spirituelle.
Devant l'ampleur de la tâche réservée à l'élite spirituelle, dont les représentants humains les plus avancés sont en channeling avec les grands maîtres tibétains, un certain nombre de « sacrifices » sont à opérer parmi la population. Cette dernière doit être endoctrinée de manière mondiale dans un système d'éducation New Age et prise en charge par des maîtres New Age en vue de progresser sur l'échelle spirituelle.
Un homme n'est donc pas un homme dans le New Age, à moins que ce dernier obtienne la reconnaissance de ces pairs de niveau spirituel supérieur. Sinon, il est voué à être réincarné et à tenter sa chance dans une autre vie.
Un joli discours marketing
Le grand dessein, en tant que tel, n'est pas très réjouissant pour les ouailles, « pauvres » spirituellement. Aussi, Mme Bailey l'a un peu enrobé par un discours marketing très séduisant.
Les grands axes du discours s'adressant aux athées en recherche sont les suivants :
- au lieu de parler de Dieu, nous parlerons du Grand Tout, ou de Gaïa, la Mère nourricière ;
- il n'est pas besoin de se parfaire soi-même pour progresser sur le chemin spirituel, nous sommes déjà des dieux, il suffit de le découvrir en nous-mêmes ;
- les religions n'ont rien compris à la spiritualité, elles ont cloisonné l'homme dans une impasse dogmatique alors que l'homme peut se retrouver lui-même en tant que dieu ;
- le New Age est la grande sensibilité spirituelle qui rassemble, c'est la Religion Mondiale, mais sans les contraintes de la religion ;
- le savoir est tout, étudions les livres de Mme Bailey ;
- l'homme peut développer des pouvoirs mentaux au travers de cette étude ;
- tout est vibration, ondes, couleurs ;
- nous pouvons voyager dans l'astral ;
- etc.
Un autre axe du discours s'adresse aux gens étant affiliés à une religion :
- tous les prophètes ont dit la même chose et ont employé les mêmes termes ;
- le New Age opère une synthèse de la théologie, de la philosophie et de la psychologie ;
- délaissez votre religion sclérosée et épanouissez-vous selon la vraie lecture des textes saints ;
- etc.
Derrière ces quelques slogans, on retrouve les vieux rouages du gnosticisme chrétien, doctrine qualifiée de « satanique » par le Vatican, et complètement opposée au monothéisme.
Une représentation gnostique du monde
La théorie de Mme Bailey et Blavatsky est syncrétique en ce qu'elle agrège des éléments du bouddhisme, du christianisme et du spiritisme, très en vogue à l'époque de Mme Blavatsky. Ce n'est pas une théorie monothéiste, mais une théorie gnostique. La différence est fondamentale à plus d'un point.
Il y a, en effet, fondamentalement deux grandes façons d'envisager le monde de manière spirituelle : - la première est que tout est lié à l'Unité qui transcende tout et qui a "un plan", l'Unité n'étant pas limitée à ses constructions (point théologique essentiel) mais étant Conscience Absolue ; c'est le point de vue monothéiste ; - la seconde est un point de vue gnostique.
La gnose, au sens des premiers temps du christianisme, postule l'existence d'un genre de panthéon de dieux dont l'un est un démiurge un peu démoniaque qui a fait que le monde physique, dans lequel nous visons, est un enfer. Dans cet enfer matériel, des âmes sont punies. Il y a deux types d'âmes, et toutes sont prédestinées (très important) :
- les âmes des gens normaux,
- et celles des initiés (comme Alice Bailey).
Les secondes sont en charge de la sauvegarde du monde au nom de principes spirituels et de desseins cachés (ésotériques). Les âmes des élites sont sauvées dès lors qu'elles possèdent le savoir ésotérique. Ce savoir n'est souvent qu'un savoir intellectuel, basé sur des symboles, mais non :
- sur une qualité personnelle de pureté (comme dans le cas des saints du judaîsme, du chritianisme ou de l'islam),
- sur un contact personnel avec Dieu (au travers d'une inspiration, d'une révélation, etc.).
Le monde gnostique des premiers siècles après Jésus-Christ, est un monde du savoir ésotérique, monde qui défend des interprétations intellectuelles particulières de la Bible, et qui, selon cette lecture, réécrit une cosmogonie dans laquelle figurent deux poids et deux mesures : les initiés à ce savoir et les autres. Dans le New Age, il faut lire et étudier les écrits de Mmes Bailey et Blavatsky pour progresser sur la voie spirituelle.
Cette vision est bien entendu aux antipodes des religions monothéistes, même si le discous marketing des représentants de commerce du New Age donne l'impression d'être « compatible » avec le monothéisme. Il n'en est rien car :
- la spiritualité New Age ne consiste pas à rechercher Dieu, mais à chercher à se positionner dans une hiérarchie spirituelle ;
- les apports indispensables du travail sur soi ne sont pas requis dans le New Age (où le péché est absent).
Le New Age est donc stricto sensu une résurgence des vieilles méthodes gnostiques. L'homme fait ce qu'il veut, doit profiter du monde matériel et jouer des coudes pour progresser dans la hiérarchie spirituelle, étant jugé non par Dieu, mais par sept niveaux de hiérarchie qui l'instrumentalisent !
Les dangers de l'idéologie New Age
L'opposé du monothéisme
Le fait de postuler l'existence d'une "hiérarchie spirituelle" est très dangereux dans la mesure où les hommes ne sont plus égaux devant Dieu et certains se sentent donc légitimés à endoctriner les autres pour des raisons spirituelles.
Pour prendre un exemple trivial, dans les livres des croyants comme Stephen King, on trouve souvent un simple d'esprit qui joue un rôle clef dans l'accomplissement spirituel d'une communauté. Dans un monde gnostique, ce n'est pas possible. Le savoir intellectuel libère de facto le gnostique, mais il est aussi la seule condition de la libération des âmes. Le gnosticisme est une religion purement intellectuelle, et non une religion du coeur, comme les monothéismes. D'où sa dénomination de satanique : sans coeur, la raison fait n'importe quoi, à commencer par le mal.
Or, l'optique du monothéisme est parfaitement inverse à celle du New Age : chaque homme est responsable de ses actes devant Dieu. Cela laisse une chance à tous quelque soit leur chemin dans la vie, leur chemin spirituel et quelque soit leur niveau de connaissance ésotérique, ou la puissance de leur intellect. Ils n'ont pas à se positionner soit en maître, soit en disciple, dans le premier cas insufflant une vérité à leurs disciples, dans le second tentant d'absorber la vérité du maître. Ils ne sont que dans un rapport à Dieu et non dans un rapport de hiérarchie "humaine" ou "spirituelle".
De plus, s'il existe des maîtres spirituels dans le monothéisme, ce ne sont que des guides du disciple vers Dieu et non une promesse d'occuper un poste dans la grande hiérarchie du monde. Le maître spirituel soufi, par exemple, est un guide pour qui veut connaître Dieu. Le guide est une aide, un révélateur de la relation à Dieu, mais pas un gradé dans une hiérarchie qui dirige la "progression spirituelle" de l'humanité.
Une justification facile des régimes à consonnance ésotérique
Les thèses gnostiques impliquent que le destin de l'humanité est contrôlé par une "élite" qui a le savoir ésotérique, et dont certains seraient "à peine" des êtres humains. Au nom de ces principes de contrôle des hommes par d'autres hommes (souvent pour des raisons bassement matérielles), on peut justifier toutes les horreurs du XXème siècle.
Il faut comprendre, je crois, que certains écrits d'Alice Bailey font peur, car ils sont compatibles avec une certaine vision nazie du monde. En particulier, ses commentaires sur les dictateurs du XXème sont loin d'être rassurants. La logique de Mme Bailey fait état de la « nécessité » de certains événements traumatiques dans l'histoire. Transformer l'humanité selon des desseins ésotériques est un but qui peut justifier toutes les dérives très humaines d'endoctrinement et de massacres.
Le New Age, s'appuyant sur une drôle de lecture de la réincarnation bouddhiste, postule que l'homme, en tant qu'"espèce" peut être amélioré et que des "sacrifices" doivent être consentis pour l'amélioration de l'espèce. Bailey décrit des systèmes éducatifs mondiaux New Age qui ressemblent à s'y méprendre à l'endoctrinement fasciste, communiste, ou nazi, tout cela dans tous ces cas pour "parfaire" l'homme, pour que l'homme suive d'autres hommes pour être parfait. Ce genre de doctrines est affreusement dangereux, car il est totalitaire au sens le plus strict du terme. Comme l'homme peut se réincarner, il est facile de dire que les morts ne sont rien dans le "grand plan cosmique" d'"évolution spirituelle" de l'humanité. Tout cela donne froid dans le dos.
Qui décide qui est utile ou pas ?
Car, dans le monothéisme, toutes les personnes sont utiles sur Terre, croyantes ou incroyantes, car elles ont toutes été créées par Dieu. Ce n'est bien sûr pas la cas dans le New Age qui, décidant d'appliquer une politique de "progression spirituelle de l'humanité" pourrait décider (suite à channeling opportun) de massacrer quelques millions de personnes qui "ralentiraient" la progression spirituelle de l'humanité.
Qui décide alors de qui ralentit la progression spirituelle de l'humanité ? Les plus hauts gradés dans la hiérarchie spirituelle ? Cela fait étrangement penser au plan de purification nazi de la race aryenne. Ce plan est bien décrit dans les écrits de Mme Bailey : c'est un véritable plan d'épuration spirituelle de l'humanité.
Le monothéisme, quant à lui, quand il n'est pas détourné de ses objectifs, est la relation entre l'homme et Dieu et non entre l'homme et l'homme spirituellement accompli. Le New Age réinvente un gnosticisme dans lequel les valeurs humaines issues de la morale monothéiste (donc égalité et fraternité, même justice pour tous, etc.) sont mises en péril par le "grand dessein", par la nécessité de "casser quelques oeufs" pour accomplir la destinée de l'humanité. Comme tous les hommes ne sont pas égaux en raison de cette hiérarchie ésotérique, alors les droits de ces hommes ne sont pas les mêmes.
Des notions perverties
Afin d'être "religieusement correct", le mouvement New Age a maquillé un certain nombre de ces concepts sous des terminologies acceptables, considérées comme positives à la fois par les croyants et par les athées en recherche. Mais ce travestissement est une véritable perversion comme nous allons le voir.
Monothéisme > New Age | Nature de la perversion | Commentaire |
Introversion |
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Extraversion |
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Le New Age sauce Alice Bailey est donc bien une "secte" au premier sens du terme (et sans sens péjoratif), une secte qui défend que tous les individus ne sont pas spirituellement égaux devant un Dieu unique. En ce sens, le New Age est une hérésie monothéiste, cela dit sans aucun affect de ma part, comme peuvent l'être certaines branches de la Franc-Maçonnerie.
Puisque tu continues ton chemin spirituel, je t'encourage à aller lire sur le site du Vatican l'excellent article suivant : www.vatican.va/roman_curi...
Je ne suis pas chrétien, mais cet article évoque avec beaucoup de tact, les fondamentaux du New Age. Il est bon je trouve de lire des articles de théologiens confirmés. Les pièges sont si nombreux dans le domaine spirituel.
J'espère que tu ne le prendras pas mal. La spiritualité est constituée d'un grand nombre de chemins et tous n'apportent pas la paix de l'âme, bien au contraire, même si le chercheur est sincère dans sa démarche, comme je ne doute pas que tu le sois.