Aphorismes IX, du pessimisme
Un article de Caverne des 1001 nuits.
Version du 15 décembre 2007 à 09:15
La surface des choses
L'ennui, avec le pessimisme, c'est qu'on se sait jamais s'il vient de nous ou de la pression du monde qui nous entoure.
Une erreur à ne pas commettre serait de croire que le pessimisme fait partie de sa personnalité ; car cet état de faits touche beaucoup moins de personnes que le nombre de gens se disant pessimistes ; ainsi, revendiquer un pessimisme ne peut être une démarche finale, mais seulement un pont vers un problème personnel plus profond.
On confond souvent révolte et pessimisme, ou écœurement et pessimisme, alors qu'il ne faudrait pas extrapoler trop vite le rôle du pessimisme dans les états dé révolte et d'écœurement.
Un certain pessimisme peut être vu comme un transfert du sentiment de culpabilité de tradition catholique sur les choses qui vont mal dans le monde.
Le pessimisme se propage par osmose ; l'enjeu est donc que les parois de sa psyché ne soient pas trop perméables.
Si l'on ôte du pessimisme les problèmes sur lesquels la société nous force à nous inquiéter, en reste-t-il encore quelque chose ?
Le pessimisme est le comble du courant principal, parce qu'il n'y a qu'une façon d'être pessimiste ; et cette façon rapproche les gens.
L'aliénation trouve un vecteur privilégié dans le pessimisme, l'instrumentalisation des masses aussi. Ainsi, il est plus facile de manipuler les personnes pessimistes que les autres.
Le pessimisme dénature la saveur des bonnes choses en jouant sur une insatisfaction latente.
En dessous de la surface
Le pessimisme est le signe d'une personnalité qui se cherche et préfère s'inquiéter du monde plutôt que de se regarder en face.
Le pessimisme est tissé des petites peurs que les gens confortablement installés s'autorisent à avoir en contemplant les limites de leur bulle.
Etre pessimiste est un moyen de faire semblant d'avoir une personnalité profonde.
Etre pessimiste, c'est manquer de confiance en soi.
Le pessimisme est le socle du cynisme ; tous les deux sont très socialement corrects dans la mesure où ils empêchent l'individuation et construisent des personnes dociles croyant être libres.
Le pessimisme se nourrit de raisonnements faux, basés sur le refus de la prise de conscience du fait que la réalité a plusieurs représentations.
Le pessimisme est toujours et de tout temps justifiable intellectuellement ; heureusement, nous ne sommes pas que des cerveaux.
La "sage moderne" doit être pessimiste ; de fait, cette représentation est le fruit d'une projection de l'homme moderne intellectuel sur l'image du sage qui, quant à lui, est au delà de l'optimisme ou du pessimisme, qui ne sont que des jugements de valeur relatif à son propre moi.
Le pessimisme est une fuite de soi et une caricature des autres ; il est stérile car il refuse de voir l'homme tel qu'il est.
Le pessimisme se nourrit du mensonge et des erreurs de jugements quant à l'appréhension de la gravité et de l'importance des choses ; en ce sens, on peut être réaliste sans être pessimiste.
Le pessimisme est une drogue dure car il rassure en visant à ne jamais être surpris ou déçu par la réalité ; il est donc très difficile de s'en passer une fois qu'on s'y est accoutumé.
Le pessimisme dénature la saveur des bonnes choses en jouant sur une insatisfaction latente.
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