De l'instrumentalisation des intellectuels
Un article de Caverne des 1001 nuits.
Version du 15 février 2008 à 21:37
Introduction
On parle souvent de décadence de la pensée française, de déclin des élites et autres formules toutes faites. Ce "on" est le plus souvent une certaine frange des médias, frange qui aime bien crier haro sur la baudet, le même type de médias qui laisse souvent la place à ces "intellectuels".
Cet article se propose de voir les intellectuels non pas comme des manipulateurs, mais comme des manipulés, des victimes non conscientes de l'être mais des victimes quand même. En d'autres termes, cet article se propose de montrer qu'il n'y a pas de déclin de la pensée intellectuelle française, car cette pensée a toujours été d'un très faible niveau.
Cependant, ce qui a changé est que les gens sont mieux informés aujourd'hui qu'hier, plus cultivés aussi, et qu'ils sont capables aujourd'hui de remettre en cause les visions partiales des intellectuels, piégés comme jamais auparavant dans le rôle le plus inconfortable qui soit : répondre à des questions que leur pose la société mais qui ne sont souvent pas les bonnes questions et en tous cas pas les questions qu'ils devraient se poser (ou poser à la société) s'ils étaient des intellectuels libres.
Ainsi, nous défendrons dans cet article la thèse que les intellectuels sont les victimes d'une instrumentalisation politique et médiatique qui date de très longtemps, qui est consubstantielle à la notion d'Etat français voire même de monarchie à la française. Bien entendu, les intellectuels eux-mêmes se croyant libres de penser, ils ne s'aperçoivent pas qu'ils sont des victimes du système. Ils croient, au contraire, en jouer favorisant deux types de mouvements : la perduration de leur instrumentalisation, et la perduration de cette légende de déliquescence de l'élite intellectuelle française.
L'intellectuel français, un mythe fondateur de la République
Un peu d'histoire
L'intellectuel français fait partie des symboles de la France, autant que la Marseillaise ou Marianne. En effet, vestige d'un genre de fou du roi moderne, l'intellectuel français a pour rôle de parler de tout, de donner son avis sur tout, grâce à la seule caution de son intellectualité. cet intellectuel est en général écrivain, parfois philosophe, parfois artiste, mais le plus souvent très médiatique.
On le retrouve bien avant la Révolution : Pascal, Voltaire, Rousseau, Diderot, etc. sont des exemples d'intellectuels français. Touche-à-tout, un peu philosophes sur les bords, un peu écrivains, parfois un peu poètes, ces vénérables anciens forment l'archétype de l'« homme des Lumières », un homme qui s'autorise à penser sur tout et à donner son avis sur tout, au nom du dieu « Raison ».
Le concept d'intellectuel, un homme des Lumières mais en moins bien
Des siècles plus tard, ils sont toujours là, à écrire des livres, à toucher plus ou moins à la philosophie, à donner des leçons et à parler de tout, mais ils sont devenus les "intellectuels". A noter que le concept a perdu en force avec les siècles, car si l'homme des Lumières écrivait et marquait son époque la force de ses écrits, l'intellectuel d'aujourd'hui n'a pas besoin d'avoir écrit un livre majeur pour être un "intellectuel". Souvent, une bonne formation et une bonne réputation suffit.
Qui, par exemple, ne connaît pas Sollers, et pourtant qui est capable de citer deux de ses livres ? Qui ne connaît pas Glucksmann et pourtant qui est capable de citer deux de ses livres ? On connaît Sartre comme un philosophe mais peut-on seulement citer deux de ses ouvrages philosophiques ?
L'intellectuel est donc a priori considéré comme ayant quelque chose de pertinent à dire sur presque tous les sujets. Cela aide, bien sûr, s'il a fait Normale Sup. Nous n'irons pas plus loin dans le détail des caractéristiques bien connues des intellectuels français actuels, car d'autres les ont analysé avec plus ou moins de finesse bien mieux que nous. Nous allons plutôt étudier dans quel mythe l'intellectuel français est représenté.
L'intellectuel français, un archétype étrange
Il donne son avis sur tout, il répond aux questions de la société.
Différent dans certains autres pays où les gens sont plus spécialisés.
L'intellectuel français face aux questions de "la société"
Politisation inévitable positionnement binaire obligatoire Polarisation de la vie intellectuelle Dérive politique obligatoire Affrontement en direct Implique la théorie du déclin des élites
Rien n'a changé
cela a toujours été comme cela Rôle postulé de l'intellectuel Mythe français de la responsabilité de l'intellectuel Mythe à analyser au plus vite Bêtise sans nom car au nom d'un intellect alors on doit défendre des causes Si on ne le fait pas, on est prétentieux Théorie tout à fait surprenante : créer des don quichotte Romantisme et mises en scène mélodramatiques
La technique d'éliénation des intellectuels
technique de l'os à ronger : grands problèmes philosophico sociaux mal posés avec une composante généralisante républicaine qui fausse tout car tous ne rentrent pas dans le moule => il existe des vrais pièges à intellos
Pousser les intellectuels à réfélchir sur l'aliénation et le pouvoir - justement ils n'ont pas le pouvoir donc ce sont eux qui en parlent le moins bien - ressortir la déconnante théorie de BW sur l'idéalité et le pouvoir
Faire créer aux intellectuels des tabous : la shoah, etc. des problèmes très compliqués qu'il faut taire mais en même temps qui occupent ; la décolonisation, etc.
Les intellectuels sont instrumentalisés
Ce sont les plus facile à instrumentaliser On le voit aujourd'hui : rangés dans des camps (atlantistes, etc.) Moyen de rabâcher des idées reçues Les intellectuels sont des victimes sans le savoir
La décomposition des élites
C'est un mythe qui n'existe pas Maisntenant on voit les intellectuels affectifs, arbitraires, partiaux On se méfie d'eux Mais personne ne remet en question leur "posture"