La crédibilité de l'autre

Un article de Caverne des 1001 nuits.

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La crédibilité de l'autre, c'est-à-dire de la personne qui nous parle et qui nous vante telle ou telle chose ou attitude, est un problème que l'on rencontre partout et à tout âge, dans toutes sortes de situations psychologiques, l'«autre» étant réel ou virtuel. Ce problème de la crédibilité que l'on accorde aux personnes extérieures, s'il peut paraître de plus en plus critique en temps d'overdose informationnelle continuelle où il ne s'agit plus simplement d'accorder une crédibilité aux personnes physiques mais aussi aux médias, n'en est pas moins un des plus vieux problèmes du monde. Dans la communication de personne à personne, le problème de la crédibilité de celui qui parle ou expose cristallise de grands pans des conscients et inconscients collectifs tout en les mêlant aux inclinaisons naturelles de la psyché de la personne qui reçoit la pensée de l'autre.

Cet article tentera de brosser un très rapide tableau de la crédibilité en tant qu'elle est phénomène interpersonnel. En tant que phénomène social, le sujet sera tout juste effleuré, le but étant plus d'exhiber les relations entre la crédibilité et la structure intime de notre être que d'entreprendre une lecture psychanalytique de la vie sociale au travers de la crédibilité.

Sommaire

[modifier] Avertissements méthodologiques

Nous prendrons, dans la première partie à l'étude du problème de la crédibilité, une perspective «locale» et par conséquent asymétrique. Par locale, entendons que nous nous intéresserons tout d'abord à l'échelle de l'individu, c'est-à-dire aux problèmes de crédibilité se posant dans la relation d'un individu à l'autre. Nous refuserons donc de prendre une optique purement subjective dans laquelle nous désignerions un des protagoniste “soi” et le second “l'autre”. Néanmoins, nous envisageons la relation comme temporairement asymétrique, le premier protagoniste étant en émission d'informations et le second en réception. L'aspect temporaire de cette relation réside dans le fait que toute discussion présente un renversement fréquent des rôles, sauf effectivement dans le cas d'un interlocuteur virtuel comme une personne à la télévision. Pourtant, nous ne parlerons pas d'un comportement homogène des deux acteurs, mais au contraire nous nous intéresserons à ce moment privilégié d'asymétrie entre le rôle des deux protagonistes.

Du point de vue de la méthode, il s'agit donc de commencer par s'intéresser à la plus petite échelle sociale (les deux individus, qu'ils soient réels ou virtuels) et temporelle (le temps asymétrique d'émission/réception) dans laquelle s'illustrent les problèmes liés à la crédibilité. Ce cadre méthodologique nous servira à ne pas confondre les types de problèmes, et en particulier à envisager que la crédibilité peut obéir à des lois différentes selon l'échelle à laquelle on applique le concept[1].

[modifier] Crédibilité et positionnement

Imaginons une conversation entre deux personnes A et B, dont nous ne garderons qu'un segment de temps [t0,t1] dans lequel A tente de convaincre B de quelque chose[2]. Par “tenter de convaincre”, nous entendons attendre de B qu'il est invité à se positionner par rapport au sujet exposé par A. Ce positionnement, qui est un des éléments de la discussion revêt essentiellement quatre variantes :

  • l'accord,
  • le refus,
  • le doute,
  • le désintérêt.

Nous prendrons comme hypothèse que la quatrième posture, celle du désintérêt, n'est souvent pas vraiment un positionnement envers les propos de A, et donc en ce que la crédibilité de A n'y intervient pas, ou du moins pas directement. Nous schématiserons ce cas en supposant que B a autre chose à faire, autre chose à penser où qu'il est dans une relation avec A qui fait qu'il n'est pas sensible du tout aux préoccupations de A (par exemple parce qu'il ne le connaît pas ou parce qu'il lui en veux d'un problème antérieur et attend des excuses avant de reprendre une discussion avec lui, etc.). Notre approximation sera donc de dire que la crédibilité de A n'est pas un paramètre qui intervient dans la réaction de désintérêt de B, que la crédibilité est décorrélée d'une attitude où B ne serait pas intéressé par ce que dit A[3].

Pour les trois autres variantes de positionnement, nous sommes en présence d'un mécanisme dans lequel la crédibilité de A intervient.

[modifier] Doute et doute agnostique

Seule la troisième solution, le doute, peut remettre en perspective le discours de A au niveau formel. En effet, nous distinguerons deux types de doute (et donc exhiberons une cinquième variante de positionnement) :

  • le doute quant à la véracité du contenu du message de A,
  • le doute quant à la façon qu'a A de poser le problème, doute plus formel, plus basé sur les hypothèses sous-jacentes au discours de A que sur le contenu du discours lui-même.

Nous avons qualifié le second type de doute agnostique (type 3b) et nous engageons le lecteur à suivre le lien pour avoir des informations sur ce concept simple. Le doute quant à la véracité des propos de A est un doute normal (doute 3a).

Notons que le doute agnostique rompt, d'une certaine façon, la réceptivité de B au discours de A. pour B, le problème ne se pose pas dans les termes proposés par A. Il se peut même que B refuse ou trouve inutile de s'intéresser au problème tel que A lui présente, car pour lui, c'est la question sur l'existence du problème qui prime au débat sur le positionnement. Le doute agnostique peut être mal compris par A et donc stériliser une discussion (à tort ou à raison). Comme nous le verrons dans la suite, le doute agnostique de B renvoie A à lui-même, le renvoyant à ses propres façons d'articuler son discours, de penser voire d'être inspiré par des raisonnements spécieux en provenance de l'extérieur.

En ce sens, dans le cadre du doute agnostique, la crédibilité de A semble ne pas intervenir directement, à moins que B, ayant beaucoup pratiqué A, ne lui accorde pas de crédibilité sur sa manière de former des raisonnements, si B entre dans une phase de doute agnostique a priori lorsqu'il commence à parler avec A.

[modifier] La crédibilité à raisonner

Cette forme de crédibilité est très importante car elle se situe à un niveau formel, donc antérieur à la phase d'argumentation de A. Faisant figure de pré requis à l'analyse, cette partie de l'étude peut être considérée comme un aparté important, même si le problème de la crédibilité se posant généralement se pose d'abord sur le contenu (comportements de type 1, 2 et 3a).

La crédibilité à raisonner est issue généralement d'un mode de pensée de B dans lequel le doute agnostique est présent. B présente alors les caractéristiques d'une personne souhaitant s'assurer que le problème est bien posé avant de raisonner dessus. Cet usage du doute agnostique a priori est un trait majeur de certaines personnes ayant besoin de ce type de raisonnements au sein de leur profession par exemple. Le doute agnostique de B ainsi en action est une remise en cause de la crédibilité a priori de A comme de quiconque. B peut avoir une longue expérience des cas où le problème est d'abord constitué non pas par l'invitation à se positionner mais par la formulation du problème lui-même[4].

Ainsi, un philosophe se devra d'user d'une approche par doute agnostique. Immergé dans une société qui pose les questions de manière standardisée ou facile, qui choisit des formulations contestables à certaines questions gênantes, le philosophe devra déjà chercher à savoir si cette question est conforme aux interrogations qu'il se pose où si le positionnement auquel la société l'invite est licite ou non.

Le psychanalyste est un autre exemple de personne pour laquelle l'usage a priori du doute agnostique est fondamentale. En effet, lorsque le patient vient parler au psychanalyste, le patient vient souvent avec un problème que lui-même a identifié mais dont il n'entrevoit pas la solution (pour les pathologies bénignes). La solution est dans ce cas souvent dépendante d'une façon de poser le problème que doit découvrir le psychanalyste, souvent au cas par cas. C'est pour cette raison que ce dernier doit, à la fois, écouter son patient pour y rechercher le contenu de ce problème, et douter « agnostiquement » de lui-même et de ce qu'il sait de manière générique pour tenter de reformuler et/ou de faire reformuler au patient le problème dans une équation soluble. Le psychanalyste doit saisir le singulier de la situation et donc ne pas s'appuyer sur de grandes théories toutes construites. Il doit donc user du doute agnostique envers son patient mais aussi envers lui-même et envers ses tendances naturelles à interpréter ce que le patient peut lui dire.

Revenons maintenant au moment où B est invité à se positionner envers A et examinons les raisons qui font que B puisse se positionner par rapport aux propos de A.

[modifier] L'esprit scientifique

Nous commencerons par examiner le cas de l'adhésion en posant la question suivante : quelles sont les raisons qui font que B adhère au discours proposé par A ? Nous pensons naturellement à l'argumentaire développé par A et au fait que B est sensible à une certaine logique développée dans le discours de A.

Pourtant, il est nécessaire de noter que, malgré la trivialité du cas envisagé, nous avons fait une hypothèse implicite qui n'est pas sans conséquences : B n'use pas du doute agnostique envers A. Cela implique :

  • soit B accepte implicitement et inconsciemment de se situer dans le référentiel du discours proposé par A,
  • soit B est conscient de se situer dans cet espace et y adhère, au moins de manière provisoire.

Une fois de plus, cet aparté est important car la seconde hypothèse est une illustration de l'esprit scientifique, un esprit dans lequel on est conscient de se situer dans un référentiel de pensée particulier, construit par des hypothèses. Dans ce référentiel, en respectant les hypothèses de départ, il est licite de raisonner et d'envisager tous les raisonnements possibles. Si par hasard, les hypothèses posées se trouvent trop contraignantes, il est possible d'user du doute agnostique pour reformuler le problème et relâcher quelques hypothèses. Ainsi , le référentiel lui-même en est modifié.

L'esprit scientifique s'appuie donc sur les caractéristiques suivantes :

  • conscience de la relativité du référentiel et de ses hypothèses,
  • usage des raisonnements au sein de ce référentiel,
  • remise en question du référentiel en cas de blocage par usage du doute agnostique.

La réalité est souvent différente au sein des scientifiques, ne serait-ce que parce que la conscience de la relativité du référentiel est souvent absente. La remise en cause du référentiel est souvent une situation de rupture épistémologique. D'une certaine façon, que la remise en cause du référentiel de pensée soit de facto une rupture épistémologique montre que la vie des idées est une vie lente et qu'il est très tentant de se bloquer dans des certitudes en oubliant la relativité de tout référentiel, et en le considérant comme absolu. Cette recherche du «confort de pensée» est une des caractéristiques de la pensée humaine.

Nous venons donc de voir que pour qu'il y ait esprit scientifique, la condition de la conscience de la relativité du référentiel nous apparaît comme tout à fait essentielle, tout comme la capacité à remettre en cause le fonctionnement même de certaines théories afin de vouloir avancer. Le point 2 est finalement le point le plus couramment observé chez les scientifiques.

Nous passerons très rapidement sur le cas ou B se situe de manière consciente dans le référentiel de A, car cette conscience est très voisine d'un doute agnostique. Il y a chez B une volonté de voir ce que A a à dire tout en envisageant, le cas échéant, de proposer une modification dans l'approche du problème.

Il nous reste donc à traiter le cas le plus commun de tous, celui où B se positionne dans l'acceptation du propos de A sans pour autant avoir conscience de se placer dans un certain référentiel de discussion, ni sans avoir l'impression que le problème puisse être posé autrement.

[modifier] Crédibilité et influence

Si B se situe dans une perspective où il accepte la façon qu'a A de poser le problème, il peut être sensible aux arguments de A. Nous aurons donc tendance à penser que B suit le raisonnement de A et que son adhésion est, somme toute «mathématique». Il est d'accord avec le discours de A, car il est convaincu du raisonnement de A.

Cela pourrait avoir lieu dans un monde idéal dans lequel :

  • le langage naturel permettrait de suivre un raisonnement tel qu'on peut imaginer le suivre en mathématiques[5], ce qui n'est pas vrai,
  • les concepts eux-mêmes seraient dénués d'ambiguïté ce qui est illusoire,
  • les concepts et les raisonnements seraient dénués d'affectivité[6],
  • l'interlocuteur ne cristalliserait aucun affect.

Nous savons que ces affirmations sont fausses dans le monde réel, que le langage est ambigu, dans ses concepts et dans ses raisonnements et que nous attribuons des affects à certains concepts, certains raisonnements et par dessus tout aux personnes qui les utilisent devant nous.

B est donc dans une position où entrent en conflit trois types de considérations dont toutes ne sont pas conscientes :

  • des problèmes intellectuels liés au raisonnement de A,
  • des problèmes d'affects liés à ses relations avec des éléments du raisonnement de A (concepts, enchaînements, images, comparaisons, etc.),
  • des problèmes d'affects liés à A en tant que personne,
  • une certaine crédibilité de A, mélange d'une expérience personnelle que B a eu de A, d'un vécu préalable de B des relations qu'elle a eues avec A, et/ou de l'ensemble des images sociales attachées à A.

Les trois derniers points sont, bien entendus, critiques pour le positionnement de B bien qu'ils ne soient pas en relation directe avec l'intellect.

[modifier] La crédibilité, emblème de l'éclatement des représentations

En considérant les trois premiers points de la liste ci-dessus, nous sommes ici à la charnière d'un des grands problèmes non résolus de la philosophie du XXème siècle, problème qui tient en une expression simple :

Concilier les approches logiques et affectives dans une même vision complexe de l'homme.

En effet, en attaquant le simple problème du positionnement d'un individu B par rapport à un individu A au sein d'une discussion asymétrique, le problème de la perception de A par B se pose au travers de son discours et nous sommes renvoyés à un éclatement des représentations concernant ce simple problème. D'un côté, nous sommes tentés de simplifier le problème en disant que B n'est sensible qu'aux arguments intellectuels de A, et de l'autre nous sommes forcés de prendre en compte la dimension affective du discours ainsi que la dimension affective de A lui-même, à quoi s'ajoute la dimension sociale de A, les images archétypales qui lui sont associées. Pour ce dernier point, nous supposerons que l'affect ne joue pas un rôle dans l'image archétypale, mais que celle-ci, issue de l'«inconscient collectif», pour reprendre une terminologie jungienne, induit des comportements par défaut.

Le problème du positionnement de B par rapport à A comprend donc trois natures de données :

  • des données intellectuelles,
  • des données affectives (réparties sur plusieurs objets ou sujets),
  • des données de référence a priori, dites données de l'inconscient collectif.

Aucun outil actuel ne nous permet de synthétiser ces données hétérogènes, ni même de les estimer quantitativement l'une par rapport à l'autre ou même l'une seule d'entre elles. Aucun outil actuel ne nous permet aussi d'affirmer que notre classification est exhaustive ni même qu'elle est licite.

[modifier] Science et psychanalyse

Le problème n'est pas nouveau et le XXème siècle nous enseigne que les penseurs ont souvent voulu simplifier à outrance ce problème, soit en se positionnant du côté intellectuel pur, soit en se positionnement su côté affectif pur. La naissance de la psychanalyse eut pour conséquence de révéler la complexité d'un problème que seuls quelques philosophes comme Kant avaient pressenti.

Wittgenstein avait tenté dans son Tractatus logico-philosophicus de viser à une désambiguätion du langage, afin notamment de reléguer les problèmes métaphysiques à de simples formulations absconses. Il faut noter que ce livre remarquable n'a peut-être qu'un seul défaut : celui d'être trop extrême et de vouloir régler ses comptes avec la métaphysique. L'idée génératrice de désambiguätion de la langue est si intéressante que ses échos se font encore sentir dans la recherche actuelle. Le seul problème de Wittgenstein paraît d'avoir voulu aborder le «sens» des propositions, l'«être» des propositions, au travers d'une réalité très difficile à définir autrement que par la métaphysique dont, justement, il voulait se débarrasser. Il est en quelque sorte tombé dans le piège dans lequel les logiciens sont tombés eux-mêmes au début du siècle en voulant définir de manière absolue les mathématiques [7]. Viser à lever les ambiguïtés de la langue est une ambition que Wittegenstein lui-même fut obligé de revoir à la baisse. Les mathématiciens les plus géniaux comme Hilbert ont aussi été obligés de rabaisser leurs ambitions à la baisse concernant le formalisme mathématique dont le rêve était d'en faire la seule langue non ambiguë. Rappelons que les nombres transfinis de Cantor sont nés dans le cadre du support d'un langage en théorie beaucoup plus précis que la langue naturelle et qu'ils se sont avérés être des concepts indéfinis. Il semblerait donc qu'il n'existât point de langue non ambiguë sur notre douce planète.

Les années 60 virent se développer des théories subjectives visant, sur les pas de Schopenhauer, à ôter toute logique intellectuelle au monde et à placer l'affect au centre même de toutes les représentations. En suivirent des négations de la science, de la réalité, etc. qui résultèrent en des exercices de style stériles. Longtemps encore dans la dernière moitié du XXème siècle, ce genre d'exercice formel de subjectivisation à outrance connut des tentatives sporadiques, alimentant les rancœurs entre scientifiques d'un côté et partisans des sciences humaines de l'autre.

Il n'est bien entendu pas de notre ambition de vouloir résoudre ce conflit, mais d'envisager au travers de la psychanalyse et de la logique qu'il puisse être enfin abordé comme un tout. La crédibilité est un de ces symboles de carrefour insoluble des mécanismes de la psyché dans son ensemble. Bien entendu, cette constatation n'est pas neuve, loin de là, elle est même fortement intuitive, même si la science actuelle tout comme les sciences humaines ont du mal à admettre qu'une vision commune puisse un jour émerger[8].

Ainsi, tout le monde pourra comprendre qu'instinctivement, nous avons plus de mal à donner raison à quelqu'un que nous n'apprécions pas plutôt qu'à quelqu'un que nous apprécions, même si la crédibilité de ces deux personnes est a priori la même pour les autres. Si Sartre parlerait ici de «mauvaise foi», nous tenons à insister sur le fait que cette analyse sartrienne est valide uniquement si nous avons conscience de ce que nous faisons. La plupart du temps, nous ne prendrons pas conscience du rôle de cette aversion et nous chercherons des moyens d'avoir raison parce que nous n'apprécions pas la personne en face et non parce que nous pensons qu'il a tort. Dès que le phénomène suppose un acte piloté par notre inconscient, nous entrons dans le domaine de la psychanalyse.

Pourtant, la science n'ayant jamais «digéré» les approches psychanalytiques, et il convient de dire que cette discipline est toujours loin d'être une science, aucune tentative de lier les deux extrémités des modes de représentation ne nous est parvenu. Or, nous faisons face à ce problème crucial lors de l'étude de la crédibilité qui ne peut être étudiée sous le simple biais du raisonnement ou sous le simple biais de l'affect.

[modifier] Crédibilité et aliénation

L'enjeu majeur d'une collaboration entre les deux approches et l'étude des relations qu'il peut y avoir entre la crédibilité et l'aliénation. Car lorsque A est un personnage virtuel présent seulement à l'esprit des gens par des représentations travaillées par les médias, il devient crucial de mesurer cette crédibilité suivant les différents facteurs qui la composent. Ainsi, comment des dictateurs peuvent endoctriner des foules au moyen d'un certain type de discours et au moyen d'une instrumentalisation d'une haine contre un ennemi invisible ? Comment tout cela est-il quantifiable ?

[modifier] Conclusion

L'enjeu majeur de cette analyse de la crédibilité est une de parvenir à une approche plus structurée et plus détaillée des facteurs constituant cette crédibilité. Le chemin que nous venons de parcourir nous montre la possibilité de destins singuliers avec l'usage du doute agnostique, engendrant une prise de conscience plus nette du singulier des situations et de leur complexité. Mais ce doute agnostique est souvent le fait d'une minorité d'individus. Et, globalement, il est loin d'avoir prouvé sa supériorité sur les autres formes de doute. Pour aller plus loin, les sciences dures tout comme les sciences humaines se doivent d'avancer main dans la main. Quand les protectorats des deux côtés des frontières auront sauté, nous pourrons enfin parler de nouveau de la Science et entrer dans une nouvelle ère pour l'homme. Après tout, l'utopie fait vivre.

[modifier] Notes

  1. Cf. Les lois d'échelle en sciences humaines.
  2. Il n'est pas dans notre but à ce niveau d'introduire un formalisme complexe pour «faire scientifique». Cependant, l'exposé du discours est plus clair avec un minimum de formalisme.
  3. Certes, cette hypothèse est discutable, mais il est nécessaire de bien réaliser que le désintérêt a souvent d'autres raisons que des problèmes de crédibilité de A, ou du moins c'est ce que nous prendrons comme approximation.
  4. Cf. La fracture médiatique.
  5. Cf. structure et dynamique des erreurs conceptuelles.
  6. Cf. l'affectivité des concepts.
  7. Cf. Poincaré et l'intuitionnisme.
  8. Les sciences cognitives en sont aux balbutiements de ces collaborations qui posent souvent des problèmes de rigueur et de cohérence aux travaux.