L'individuation
Un article de Caverne des 1001 nuits.
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Brève présentation de la théorie de l'individuation de Jung
Dans la théorie de l'individuation de Jung[1], l'homme se libère progressivement des fardeaux qui le pilotent malgré lui et qui l'empêche d'être totalement responsable de ses actes dans certaines situations. Cette démarche, nommée individuation est un processus, pouvant être long, qui passe par différentes phases au cours de la psychanalyse dite "Jungienne". Au sein de ces phases, certains complexes psychiques sont identifiés et progressivement intégrés avec le soi de manière consciente. Ainsi, la relation entre conscient et inconscient se normalise.
Un des buts de Jung, en tant que psychanalyste, est de faire parvenir son patient à l'individuation. Bien entendu, certaines personnes, travaillant seules sur elles-mêmes, peuvent en théorie y arriver sans regard extérieur[2], mais il est à noter que ces cas sont très rares. La plupart des gens, en effet, nécessite l'aide de personnes externes pour se (re)trouver dans ce qu'elles sont.
Jung et les types psychologiques
L'individuation est la condition de l'agissement conscient et intégré des fonctions intellectuelles et sensibles.
En ce sens, c'est une approche fondamentalement différente des théories philosophique liées phénoménologie. La conscience, si elle est là {a priori}, n'est, dans le monde jungien, pas forcément « développée » entièrement. Elle comporte en elle un certain nombre d'éléments étrangers qui la font réagir, contre son gré, dans des situations diverses et variées.
La psychanalyse Jungienne (qui accepte la notion de besoin de spiritualité chez l'homme) est, quelque part, un chemin vers la liberté[3]. Un des grands apports dee Jung est de présenter une représentation complexe et structurée de la psyché, structuration établie au travers de « dimensions psychologiques ». Jung exhibe les trois dimensions suivantes :
- le couple introversion/extraversion,
- le couple intellectuel/sensible,
- le couple intuitif/factuel).
L'utilisation des types Jungiens dans le processus d'individuation est un moyen pratique de reconnaître sa ressemblance par rapport à certaines gens, ainsi que sa différence par rapport à d'autres. Cette utilisation vise, pour le patient, à s'accepter comme il est, en tant qu'individu pleinement responsable, réfléchi et sensible, oeuvrant dans une société qui a ses modèles de pensée (archétypes) et dont il peut se libérer en en prenant conscience et en les plaçant à la place qui leur revient, au sein de sa psyché.
Jung prônant l'individuation, indiquant des méthodes pour y arriver, vantant un travail sur soi-même pour atteindre un certain niveau de liberté, il explique pourquoi on peut se sentir proche de certaines personnes et éloigné d'autres, tout en étant dans une approche d'acceptation de soi tel qu'on est, d'acceptation des autres tels qu'ils sont et de réalisation de soi au sein d'une société qui n'est jamais vraiment là pour pousser l'individu à s'accomplir lui-même hors des modèles sociaux.
Le ressenti de Jung en France
Il semblerait que Jung reste un auteur «sulfureux» (sic) dans les universités françaises. Les analyses de la spiritualité qui sont dans son oeuvre ne sont probablement pas étrangères au refus d'un auteur qui, s'il a beaucoup influencé le monde anglo-saxon, reste encore aujourd'hui méconnu des français. En effet, la France a souvent tendance à confondre laïcité et athéisme, et rejette souvent, au nom de la science, les auteurs ayant des perspectives humaines plus large que la vision proprement mécaniste d'un humain limité à son propre intellect ou sa propre "raison".
Une école d'humilité
La psychanalyse Jungienne peut donc être vue comme une des méthodes pour arriver à la liberté de l'esprit, en se détachant des influences qui nous fondent et qui peuvent nous miner. C'est une école de l'humilité dont le sens philosophique est très grand, car, loin de penser que la liberté est automatique, Jung nous montre qu'elle est à la portée de la main mais qu'elle n'est souvent pas immédiate, pas gratuite, pas donnée {a priori}. En effet, notre liberté est avant tout soumise à la tutelle de notre inconscient, inconscient dans lequel subsistent des images de nos parents, de notre éducation, de nos rôles sociaux, de nos expériences personnelles et de l'inconscient collectif dans lequel nous avons été immergés.
Jung montre aussi que les gens se ressemblent et peuvent être classés par "groupes psychologiques", tout en ne condamnant aucun groupe en particulier. En ce sens, la psychanalyse Jungienne est école de tolérance qui rend possible le fait de trouver sa place au sein de la société, sans forcément être limité à un masque social bien défini, ni à une appartenance à un quelconque groupe. Les types de Jung sont des types humains quelques soient les races, les religions et les idées politiques des personnes.
Avec ironie, on pourrait s'interroger sur les raisons qui font que la gent intellectuelle française semble avoir oublié Jung et ses travaux, et que les formations académiques le trouvent si dangereux à enseigner. Peut-être parce que ses travaux nous montrent le chemin vers la liberté ?
Notes
- ↑ Voir {la Dialectique du moi et de l'inconscient} de Jung, ou une explication sur le web (en anglais).
- ↑ Cf. La personnalité ésotérique.
- ↑ On pourra comparer cette vision avec celle de Sartre qui, bien qu'utilisant la même "terminologie" dans sa série romanesque {Les chemins de la liberté}, illustre une notion de la conscience diamétralement opposée.
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