Réflexion sur l'histoire de l'art

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Version du 29 novembre 2008 à 15:25 par 1001nuits (Discuter | Contributions)
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Sommaire

Introduction

Certains intellectuels ont cela d'intéressant qu'ils parviennent à synthétiser en quelques minutes l'inconscient collectif d'une certaine époque, la plupart du temps à leur insu. Lors de cette synthèse involontaire qu'ils croient le fruit de leur seul intellect, ils sont souvent persuadés d'apporter du sens, alors que leur discours est, la plupart du temps, un recyclage très superficiel de concepts et d'idées dans le sens de la pensée majoritaire de l'époque.

L'intellectuel, catalyseur de l'inconscient collectif

Cette brève réflexion a comme point de départ des discussions sur l'art de Claude Levi-Strauss qui, tout ethnologue renommé qu'il soit, commet d'importantes fautes de logique lorsqu'il parle de l'"art". Cette collection d'erreurs n'est pas de sa seule responsabilité, mais on voit dans les mots de Levi-Strauss, un certains nombres de constantes de l'inconscient collectif français :

  • une pensée athée et individualiste, projective par nature,
  • un intellectualisme trop analytique, qui découpe tant un sujet qu'il finit par ne plus le cerner du tout,
  • une utilisation systématique et inconsciente des concepts discutables de la "modernité occidentale" qui sont projetés sur les choses du passé,
  • l'oubli généralisé du bon sens le plus trivial, notamment celui qui vise à tenter de se mettre à la place des autres plutôt que de les considérer comme des objets intellectuels.

Quelques exemples

Une utilisation erronée du concept d'art trahissant la projection fondamentale de l'esprit de l'intellectuel sur le reste du monde

Parler d'"oeuvre d'art" pour une peinture rupestre de la Préhistoire est, logiquement, un non sens. Le concept d'"art" n'existant pas à l'époque, cette qualification a posteriori est une projection de l'homme dit "moderne" sur le passé, une projection chargée d'un signifiant qui est hors sujet de l'objet ainsi qualifié. Pour les hommes préhistoriques, il y a peu de chances que la peinture rupestre ait été nommée d'une façon qui induit autant de sous-entendus "modernes".

Le fait même de nommer de la même façon une peinture rupestre de la Préhistoire et une toile de Picasso est donc une erreur de logique fondamentale. C'est une mauvaise façon d'aborder un sujet, et par conséquent, c'est un moyen naturel de se poser de mauvaises questions et de bâtir des théories qui auront un côté absurde.

Art "individuel" et art "social"

Faire le distingo entre un art individuel et un art social est une conséquence analytique de l'erreur mentionnée ci-dessus. Etant donné que le raisonnement a postulé que des objets hétérogènes pouvaient être regroupés sous le même vocable (la peinture rupestre et la peinture de Picasso), l'intellectuel se voit obligé de tempérer ce regroupement hâtif par un qualificatif : individuel ou social.

Cette démarche est, une fois encore, logiquement erronée, qui plus est un peu dangereuse, car elle construit progressivement une théorie sur des couches progressives d'erreurs accumulées. En effet, pourquoi rajouter la dimension sociale ou individuelle en second lieu ? Probablement, parce que dans les préoccupations personnelles de l'intellectuel, nous sommes au coeur du sujet qui l'intéresse, lui.

De plus, si la notion d'art individuel parle à tout le monde, car l'art est souvent lié de manière très forte à son auteur, la notion d'"art social" est beaucoup plus discutable et il est logiquement inadapté d'utiliser un concept si flou pour échafauder une quelconque théorie sans expliquer au moins de quoi l'on parle.

Une référence implicite à l'"histoire de l'art"

Lorsque nous regardons ce que nous désignons par "art", nous désignons généralement ce qui a été répertorié comme "étant de l'art" par les livres que l'on nomme "histoire de l'art". Or, l'"histoire de l'art" est une construction intellectuelle factice dans la mesure où a posteriori des hommes décident que certaines représentations du passé sont ou ne sont pas de l'art. Ainsi, nous dirons qu'une peinture rupestre est de l'art alors que les pointes de flèches de la même époque n'en sont pas.

L'inconscient collectif contient beaucoup de ces données qui nous ont été enseignées comme des savoirs déjà classifiés par des encyclopédistes. ces classifications sont établies sur des critères intellectuels seulement. Or, tout jeu de critères intellectuels peut faire voir



4. La notion d'art arrive quand l'auteur voit son oeuvre flatter son ego avant de voir en son oeuvre une fonction sociale. 5. L'histoire de l'"art" selon les critères de l'homme occidental "moderne" est une construction intellectuelle qui vise à légitimer la notion contestable de "progrès", grand mythe du monde actuel.

Il serait plus logique de parler de "représentation" et de "fonction de la représentation". Dès lors que la fonction de la représentation est dirigée vers le créateur plus que vers la société, on peut utiliser le mot "art", car derrière ce mot, ce cache le mot "ego". L'artiste est un ego qui se contemple dans son oeuvre. En ce sens, l'art est structurellement egotique donc individualiste. Par contre, l'art n'est pas la seule forme de représentation.

Que diraient des gens du futur venus étudier "ethnologiquement" notre société ? Parleraient-ils des paneaux publicitaires comme d'une forme d'art ? Non, mais il s'agit bien d'une forme de représentation ayant une fonction sociale. Dans ce genre d'exercice, l'ego du créateur demeure inconnu du plus grand nombre.