L'athéisme est une forme d'orgueil
Un article de Caverne des 1001 nuits.
Derrière ce titre provocant, nous voudrions, dans cet article, mettre l'accent sur une réalité plus gênante et plus tabou présente au sein des grands discours autour de l'athéisme, religion dominante aujourd'hui dans la société française. En effet, l'« athéisme » est porteur de faux discours, d'une illusion de liberté et d'une dangereuse façon de détourner la logique élémentaire sur l'homme, à l'instar de ce que peuvent faire les instances extrémistes de toute religion.
Sommaire |
La différence entre religion et institution religieuse
Précision de vocabulaire
Nous commencerons par faire une mise au point de vocabulaire afin de mettre en exergue la différence entre une « religion » et une « institution religieuse ». Nous définirons une religion comme :
- un sentiment intérieur, partagé par un ensemble de personnes différentes, de rattachement à un certain nombre de textes religieux, de pratiques religieuses et une certaine représentation du monde de type religieux.
Une institution religieuse sera définie comme :
- une association structurée d'hommes, défendant un dogme dérivé de textes religieux et associé à des pratiques et souvent à une morale.
La définition nous éclaire d'emblée sur la nature du débat faussé que pose l'athéisme dans notre société. Car religion et institution religieuse sont deux choses bien distinctes.
Une réalité complexe
Nous nommerons orthodoxie le fait de suivre la vraie nature du message religieux en lequel on croit, et hétérodoxie le fait de ne pas comprendre ce message religieux. Nous appliquerons ce qualificatif à la fois à la religion et à la structure religieuse qui est censée représenter cette religion.
Puis nous envisagerons le cas d'une personne présente dans l'une des neuf situations exposées dans le tableau ci-dessous.
Religion > Institution religieuse | Orthodoxie | Hétérodoxie | Aucune |
Orthodoxie |
Cette personne suit une voie religieuse orthodoxe dans une structure qui l'est aussi. Elle peut ainsi vivre complètement sa religion. La structure la guidera vers une meilleure compréhension de sa religion. |
Cette personne n'a pas de réelle compréhension du sens de sa religion. Elle ne comprendra pas, non plus, le sens du dogme mais pourra se satisfaire d'éléments disparates prodigués par sa structure religieuse. |
Cette personne se soumet à un rite orthodoxe sans avoir réellement de religion. On parlera de coutume. Elle aura tendance à voir la religion comme une contrainte vide de sens, et comme une obligation sociale. Elle pratiquera si cette pratique lui apporte quelque chose de matériel comme une certaine conformité sociale. |
Hétérodoxie |
Cette personne vivant sa religion orthodoxe dans une structure hétérodoxe sera naturellement frustrée de ne pas reconnaître dans l'institution le sens des textes religieux qui l'attachent à sa religion. Elle sera fortement tenté de quitter la structure en considérant que des hommes ont perverti le message de sa religion. |
Cette personne ne comprenant pas le sens de sa religion, et la pratiquant dans une structure qui ne la comprend pas plus, pourra se sentir à l'aise. Cependant, les personnes de l'institution religieuse que fréquentera cette personne ne pourront lui apporter une vrai connaissance de sa religion. |
Cette personne se soumet à un rite non-orthodoxe sans avoir réellement de religion. On parlera de coutume. Elle aura tendance à voir la religion comme une contrainte vide de sens, et comme une obligation sociale. Elle est, de plus, parfaitement incapable de juger de l'orthodoxie ou non de la tradition dans laquelle elle s'inscrit. |
Aucune |
Cette personne vit seule sa religion orthodoxe, loin des structures religieuses qui prétendent l'incarner. Elle peut être soit en stade de découverte et trouver dogme trop lourd, soit avoir refusé les dogmes qu'elle a vu appliqués, les jugeant non-orthodoxes. |
Cette personne pratiquera une forme non orthodoxe de religion de manière personnelle, en se rattachant plus ou moins à une ou plusieurs traditions de type religieux. Elle ne voudra pas des structures mais se composera sa petite « religion personnelle ». |
Cette personne est athée. |
Ce tableau montre la différence fondamentale entre religion et institution religieuse, notamment du point de vue de la personne qui est liée à une religion et/ou liée à une institution religieuse. Ces distinctions sont fondamentales dans la mesure où elles proposent une première approche, plus complexe, du fait religieux, vu du point de vue personnel et social.
Tous les lecteurs peuvent donc se « placer » dans ce tableau à neuf cases.
Nous laisserons, de plus, le soin à chaque lecteur de placer les religions qu'il connaît en abcisse et les structures religieuses qu'il connaît en ordonnée.
Bien entendu, ce tableau pourrait être complexifié par de nombreuses autres dimensions, mais tel n'est pas l'objet de cet article.
Les structures religieuses sont faites par des hommes
Les structures religieuses sont faites par des hommes, et les hommes se trompent ou sont de qualité inégale. Leur compréhension du message religieux est donc dépendante de leur nature apte ou non à le comprendre. Car le message religieux n'est jamais d'un abord facile, et les représentations sociales archétypales de ce message sont le plus souvent erronées.
Une même structure peut ainsi, suivant les hommes et les époques, se bonifier ou devenir malade. Il va de soi que lorsqu'une structure religieuse fait montre de luttes de pouvoir entre hommes, il est difficile d'y voir autre chose qu'une institution humaine dans le sens classique du terme.
L'athéisme : une simplification de la pensée
Les prophètes actuels de l'athéisme proclamé[1] ou les tenants d'une laïcité qui est athéiste sans le savoir, simplifient à outrance le tableau des relations de l'homme à la religion ou à la structure religieuse. Parlant de ce qu'il ne connaissent pas, calqués sur un modèle logique qui est celui de la démocratie (un tableau à une seule case nommée « citoyen »), les tenants de l'athéisme font de la confusion et de l'assimilation la base de leur raisonnement.
Car en effet, l'islam n'est pas le chiisme, le Christianisme n'est pas le Protestantisme calviniste, etc., même si un rattachement inverse est vrai au niveau des similarités de traditions. Cependant, même du point de vue intellectuel théologique, de grandes différences existent entre les différentes sortes de christianisme ainsi qu'entre les différentes sortes d'islam.
Relever, par conséquent, les dérives sectaires de certaines institutions religieuses ou de certains courants des dites institutions est louable. On pourrait d'ailleurs faire de même avec les dérives sectaires et doctrinaires de certaines partis politiques, de syndicats, d'ONG, de philosophes «indépendants», de gourous quelconques ou d'associations lois 1901 diverses et variées. Il n'est ni nécessaire, ni suffisant, d'être une institution religieuse pour endoctriner son monde.
Le raisonnement fallacieux se cachant derrière l'athéisme, et c'est ce en quoi ce mouvement ressemble comme deux gouttes d'eau à une structure de mouvement religieux aliénant, est le suivant :
- Dieu est un concept qui a été longtemps utilisé pour asservir les êtres humains sous une morale et des pratiques religieuses aliénantes. Ce mot vide de sens fut utilisé dans l'histoire pour cautionner des massacres. Se libérer de Dieu est donc la libération ultime que l'homme moderne et intellectuel peut viser, celui qui n'accepte plus la domination, la morale et l'endoctrinement d'une religion. Etre athée est la condition pour jouir de soi et du monde en toute liberté.
Se libérer d'une institution n'est bien entendu pas forcément se libérer de Dieu, ni même se libérer d'une religion. Si les athées considèrent ces raisonnements comme licites, on ne pourra que s'inquiéter du support étonnant à des confusions aussi grossières, prétextes à une méfiance envers ou une haine des religions a priori. L'héritage philosophique occidental n'est pas innocent à cette tendance et Nietzsche, par exemple, fut le premier à jouer sur cette regrettable confusion entre religion et organisation religieuse, pour des raisons personnelles bien entendu.
De la foi
La foi est un sentiment
La seconde mise au point en terme de vocabulaire est relative à la nature de la foi. Qui connaît des croyants[2] ou est croyant lui-même peut constater que cette foi n'est pas seulement de nature intellectuelle, qu'elle ne s'alimente pas uniquement de soi-disant preuves de l'existence de Dieu, mais qu'elle réside (entre autres) dans la certitude perceptible de ce qui est. En ce sens, la foi appartient à la sphère du ressenti (faute de pouvoir le décrire avec des mots plus appropriés). Critiquer la foi selon des critères purement intellectuels est donc un exercice absurde logiquement dans la mesure où une partie de la nature de cette foi est insaisissable par l'intellect[3].
Il en va de même de la plupart des sentiments, comme l'amour. Si une soudaine envie de pleurer nous vient alors qu'on tente de dire à quelqu'un de proche qu'on l'aime, on ne peut que raisonner sur des concepts flous (sentiment, émotion) pour « expliquer » un tel comportement. Manifestement, il ne s'agit que de parler, et logiquement, il est étrange de se livrer à des épanchements de ce type.
Les affects ne sont pas régis par les lois de l'intellect et de la logique. La foi est un affect d'un genre tout à fait spécial mais, comme tous les affects, elle peut être intellectualisée, donc représentée, donc mise sur une perspective réductrice du fait même de cette mise en représentation. La représentation de la foi, comme celle de l'amour, est toujours incomplète, imparfaite, instable et souvent inappropriée.
Petite comparaison avec l'amour
Que l'on use de son intellect pour philosopher et critiquer les dérives extrêmes de pratiques religieuses de groupe est parfaitement licite. Que l'on use de son intellect pour philosopher sur le sens des textes sacrés et sur leur interprétation est licite pourvu qu'on les envisage aussi (et peut-être surtout) dans leur dimension spirituelle (et non intellectuelle uniquement), donc par rapport à la foi.
En effet, si une personne A aime une autre personne B et possède un ami C qui n'aime pas B. A ne pourra faire aimer B à C. Il aura beau tenter de lui expliquer les qualités de B, de lui exposer son amour pour B, de lui faire lire les lettres d'amour que B lui a envoyées, C restera sourd aux mots de B car il n'aime pas B et ne comprend pas qu'on puisse l'aimer. C aura son propre raisonnement sur B, un raisonnement intellectuel fait des preuves que B n'est pas une personne aimable.
Il en va de même avec la foi. L'expliquer à ceux qui ne l'ont pas ne sert à rien, tout comme il ne sert à rien de leur faire lire des textes saints. Car, ils sont comme C, ils ont leur raisonnement, leur opinion, sur une chose qui n'est ni vue, ni ressentie de la même façon par ceux qui tenteraient de leur expliquer.
Une différence fondamentale entre les personnes
En tant qu'archétype d'homme moderne hyper intellectuel, l'athée a souvent peur de la partie affective de soi, une peur profonde de lui-même qui, projetée sur le monde, le rend méfiant vis-à-vis des groupes qui parlent de cet affect refoulé, sujet tabou.
Ce même archétype très occidental fut pourtant la victime de véritables religions politiques et meurtrières au sein du XXème siècle, cela pour combler son besoin de spiritualité. Lorsque Hitler vantait l'«aryen supérieur aux autres races», il était dans une logique de stimulation spirituelle des masses ; lorsque Staline sublimait l'«ouvrier communiste comme archétype de l'homme nouveau», il jouait aussi sur cette propension de l'homme à rechercher un sens spirituel à sa vie. Les athées convaincus sont donc comme les autres hommes : soit en train de refouler leur besoin spirituel, soit en train d'adopter des causes non religieuses afin d'assouvir ce besoin de sens.
Il est d'ailleurs étonnant de voir comment des intellectuels parviennent à se lancer dans de véritables « guerres de religion » sur des sujets ineptes pour tous (et souvent même pour eux-mêmes) : ils ont troqué le besoin de sens par un orgueil démesuré, celui d'être « le plus fort » dans le domaine qui les occupe, d'avoir toujours raison, de « posséder » la meilleure argumentation. Construire cette force de l'ego peut être vu comme un remplacement à une force spirituelle défaillante. Le problème est qu'on ne remplace pas la foi et que cette surenchère est vouée à l'échec : on a la foi ou on ne l'a pas, et il convient à ceux qui ne l'ont pas de respecter les autres, tout comme il convient à ceux qui l'ont de respecter ceux qui ne l'ont pas.
La spiritualité au cœur du tabou
La peur de la spiritualité
Le mot à bannir est posé : spiritualité. Mais que veut donc dire ce mot dans une société moderne et hyper matérialiste ? Ce mot prend souvent le sens de « magique », « n'importe quoi », de « délire non scientifiquement prouvé » ou pire, dans la bouche des philosophes, d'un sentiment qui, mal « compris » par « la religion », pourrait être de l'humanisme, de l'altruisme, voire de l'éthique.
Il va de soi que ces deux derniers termes ne couvrent pas le champ immense de la spiritualité humaine, tout comme la « tolérance » ne recouvre pas l'immense champ de l'« amour ».
Les philosophes des lumières, trop souvent cités en exemple par les athées, ne sont d'ailleurs pas critiques sur « Dieu » ou sur la foi, mais sur l'instrumentalisation par l'Eglise catholique de ces deux « notions ».
La « morale » des athées
Derrière la religion, le commun des athées entend morale et est soudainement pris de nausées. Mais ces mêmes nausées surgissent aussi lorsque le commun des athées constate l'absence absolue de morale d'une personne proche. La réflexion morale reste souvent, chez l'athée, à la surface des choses, soit emprunte aux règles morales de l'inconscient collectif et à celles qui supportent son individualisme. La morale de l'inconscient collectif étant une déclinaison sociale de la morale de la religion dominante du pays (ou de son passé), les athées sont souvent, en France, très catholiques dans leurs principes.
En un sens, les athées extrémistes sont souvent plus moralistes que les croyants eux-mêmes, persuadés justement de vanter une liberté absolue et obligatoire dans un monde « libéré du joug de la religion ». Ils sont, au travers de ce prosélytisme, d'une suffisance absolue, persuadés de leur supériorité sur les personnes emplies de doutes (agnostiques notamment) ou déclarées croyantes.
Du blasphème
Les grandes religions apprennent progressivement à supporter cet athéisme extrême qui peut s'illustrer dans la plus pure provocation du blasphème envers les symboles saints d'une religion. Cette provocation n'est d'ailleurs prisée que dans la mesure où « elle sent le soufre » et le blasphème.
Car blasphémer volontairement les sentiments religieux d'une personne est à placer sur le même plan que l'insulte de C envers B, la personne aimée de A, en face de A. Qui garderait un ami qui insulte ouvertement l'être aimé ? Quel athée supporterait que l'on insulte celui ou celle qu'il aime ? Nous voyons que, dès lors que le vocabulaire est clarifié et que l'on sait de quoi on parle, les blasphèmes envers les croyants portent atteinte à leurs sentiments les plus intimes.
Le plus souvent, l'agresseur profite de ces moments « socialement acceptables » pour projeter ses haines et mesquineries sous couvert d'athéisme. Le fait que le blasphème fasse si plaisir à ses défenseurs indique que ces derniers y éprouvent du plaisir, et se placent donc dans le même référentiel que celui que l'attaque vise. Pour être blasphémateur, il faut, quelque part, être imbibé de religion.
Le débat du soufi Ibn Arabi
Pour parler de la spiritualité, plongeons-nous dans un court débat datant du XIIème siècle. Laissons parler Ibn Arabi, soufi andalou qui fut confronté au théologien et philosophe Abul Walid Ibnou Rouchdi (plus connu en Occident sous le nom d'Averroës) pour disserter de l'usage de la philosophie, donc de l'usage de l'intellect, pour aborder la vérité de Dieu, donc d'une certaine façon, la spiritualité.
L'histoire de la fameuse rencontre nous a été d'ailleurs relatée par Ibn Arabi lui-même dans son grand ouvrage les Révélations mecquoises.
- "Un jour mon père m'envoya à Cordoue auprès de son ami, le Cadi Abul Walid Ibnou Rouchdi dans le dessein de provoquer entre nous deux un débat sur la science (religieuse).
- Lorsqu'on se rencontra, il m'adressa avec empressement un Oui interrogatif (faisant ainsi allusion à la viabilité de la philosophie comme voie d'accès à la Vérité (Allah)).
- Alors tout jeune, imberbe et sans moustache que j'étais je répondis par un oui confirmatif (car je lui concédais par là que la philosophie était susceptible d'aider le croyant en sollicitant son registre rationnel, son simple entendement, etc.).
- A ma réponse, son visage sembla trahir une grande satisfaction ; devinant alors sa présomption, j'ajoutai cette fois-ci un Non de restriction car sa présomption consistait à assimiler la certitude simplement conceptuelle à laquelle aboutissait la philosophie, à la certitude testimoniale absolue résultant de l'expérience mystique.
- Il m'apparut après que son enthousiasme eût fait place à un bouleversement, car il devint embarrassé ; et commença à réfléchir sur l'efficacité de la méthode spéculative.
- Il m'interrogea de nouveau.
- — Comment avez-vous trouvé la Réalité selon L'illumination et le dévoilement? Est-il conforme au résultat de la spéculation?
- Je lui répondis de cette manière :
- — Oui et Non, c'est entre ces deux que beaucoup d'âmes ont été anéanties. Oui, parce que la philosophie prépare en effet d'une certaine manière, la vocation religieuse. Non pourtant, parce que tout aussi utile qu'elle soit, elle n'est pas décisive, car elle ne rend pas compte de la Réalité de façon parfaite."[4]
Le dilemme est là : la spiritualité n'est pas objet saisissable par la raison. Elle évolue dans d'autres sphères et ceux qui tentent de réduire le phénomène spirituel au moyen de représentations intellectuelles se trompent de nature d'objet.
Quid de ce débat mené au XIIème siècle de notre ère ? Les questions ne semblent pas même se poser à l'homme moderne de cette façon très ouverte qui laisse libre court à l'interprétation et l'affect personnel, au choix et aux destinées individuelles. Combien de penseurs actuels ont tiré les leçons de cette dualité ? Dans l'athéisme, il ne reste rien de ces débats. L'homme est condamné à être matérialiste et seule la philosophie œuvre pour son salut, sous-entendu salut intellectuel. L'apaisement de sa soif de « comprendre » n'est, elle, jamais atteinte. On comprend dès lors chez l'homme occidental, cette propension à course effrénée sans but ni véritable sens.
Une négation d'une part de l'humain
Nier la spiritualité, alors que les diverses religions de la planète montrent des façons communes de l'aborder mais aussi une reconnaissance de l'existence de ce sentiment, paraît être une tentative d'amputation de l'homme de l'une de ses composantes essentielles. « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » disait Rabelais, mais quelle conscience, et quelle âme ? Et la Science de quoi ?
L'athéisme, en niant la spiritualité, trouve les ressources de ses arguments dans l'utilisation de raisonnements applicables à beaucoup de « choses » mais justement pas aux sentiments, dont l'aspiration spirituelle. L'athéisme se gargarise de cette certitude que n'a pas l'agnosticisme, ni même le scepticisme. L'athéisme garde ce côté cynique qui vise à déprécier les croyants, en niant l'« objet de leur foi ».
Pour l'athée, ce n'est pas une attaque à l'homme mais à un concept froid ; pour le croyant, c'est une attaque à une partie intime de sa personne ; d'où l'incompréhension d'intellectuels athées se voyant accuser de mépriser les croyants alors qu'ils ne pensent qu'au mépris du concept religieux.
Conclusion
L'athéisme peut donc apparaître comme l'orgueil de l'homme fait dogme, la certitude de l'homme intellectuel, « libre sans dieu », ce qui est très naïf, et supérieur aux croyants, « rendus niais par des superstitions ». L'athéisme ne laisse pas la place au doute et vante le mépris intellectuel des croyants, relégués à l'état de bêtes crédules, inférieures intellectuellement. Il est intolérant et s'affronte, sans finesse, à des concepts qu'il confond les uns avec les autres dans une même marmite intellectuelle, aveugle et sourde.
Par certains côtés, l'athéisme est aussi dangereux que les extrémismes religieux qui lui répondent, ou plus précisément, qui répondent de manière violente à ce mépris affiché des croyants considérés comme « sots ».
Les pays occidentaux sont ivres d'athéisme, forme d'individualisme forcené et irrespectueux, orgueil extrême. Le capitalisme induit cette fuite vers la jouissance personnelle des biens matériels et vers l'abandon de toute recherche de la vérité sur soi et sur les autres.
De manière collective, nos pays occidentaux, s'ils portent l'image de pays dans lesquels il fait bon vivre, portent une responsabilité évidente dans le mépris ressenti par certains pays dont les régimes sont religieux (ces derniers étant le plus souvent, des régimes à connotation dictatoriale). L'homme occidental a perdu ses racines et l'athéisme est la forme la plus violente de cette perte volontaire et cynique d'identité spirituelle. Sans athéisme, il n'y aurait probablement pas autant de psychanalystes.
Notes
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