Aphorismes XVI
Un article de Caverne des 1001 nuits.
Au début, j'écrivais pour comprendre ; ensuite, j'ai écrit pour expliquer ce que j'avais compris ; désormais, je sais qu'il est inutile d'écrire sur beaucoup de choses. Que saurai-je demain ?
Il y a deux types de mots : ceux qui ne veulent dire que ce qu'ils disent, et ceux qui veulent dire autre chose que ce qu'ils disent ; les premiers sont inutiles, les seconds peuvent nous fertiliser ou nous glisser dessus, comme une brise contingente.
L'homme ne change pas, n'évolue pas, car il n'a jamais changé, ni évolué. Ainsi, tous ceux qui parlent de progrès sont des menteurs ou des égarés.
Parfois, je me dis que quand j'ai écrit des choses conjoncturelles, je n'ai rien écrit, et quand j'ai écrit des choses de fond, je n'ai rien écrit non plus : la conjoncture était la même voilà des siècles, l'homme n'a pas changé depuis lors et d'autres avaient tout dit mieux que je ne l'ai jamais fait. Tout au plus ai-je eu la prétention de le redécouvrir avant de réaliser que je n'avais, en fait, pas la maturité pour comprendre ceux qui m'avaient précédé.
Si on numérotait toutes les « idées » de l'homme et qu'on les comptait avec des atomes, on obtiendrait à peine assez d'atomes pour faire une pincée de poussière.
La maturité, c'est accepter les choses comme elles sont, après avoir compris qu'elles ne pouvaient être autrement.