Rubayat, par Omar Khayyâm, quatrains XXXI à XL
Un article de Caverne des 1001 nuits.
XXXI
Personne ne peut comprendre ce qui est mystérieux.
Personne n'est capable de voir ce qui se cache sous les apparences.
Toutes nos demeures sont provisoires, sauf notre dernière : la terre.
Bois du vin! Trêve de discours superflus !
XXXII
La vie n'est qu'un jeu monotone où tu es sûr de gagner deux lots :
La douleur et la mort.
Heureux, l'enfant qui a expiré le jour de sa naissance !
Plus heureux, celui qui n'est pas venu au monde !
XXXIII
Ne cherche aucun ami dans cette foire que tu traverses.
Ne cherche pas, non plus, un abri sûr.
D'une âme ferme, accueille la douleur, et ne songe pas à te procurer un remède que tu ne trouveras pas.
Dans l'infortune, souris. Ne demande à personne de te sourire. Tu perdrais ton temps.
XXXIV
La Roue tourne, insoucieuse des calculs des savants.
Renonce à t'efforcer vainement de dénombrer les astres.
Médite plutôt sur cette certitude : tu dois mourir, tu ne rêveras plus,
Et les vers de la tombe ou les chiens errants dévoreront ton cadavre.
XXXV
J'avais sommeil.
La Sagesse me dit: "Les roses du Bonheur ne parfument jamais le sommeil.
Au lieu de t'abandonner à ce frère de la Mort, bois du vin.
Tu as l'éternité pour dormir."
XXXVI
Le créateur de l'univers et des étoiles s'est vraiment surpassé
Lorsqu'il a créé la douleur !
Lèvres pareilles au rubis, chevelures embaumées,
Combien êtes-vous dans la terre?
XXXVII
Je ne peux apercevoir le Ciel. J'ai trop de larmes dans les yeux !
Les brasiers de l'Enfer ne sont qu'une infime étincelle,
Si je les compare aux flammes qui me dévorent.
Le Paradis, pour moi, c'est un instant de paix.
XXXVIII
Sommeil sur la terre. Sommeil sous la terre.
Sur la terre, sous la terre, des corps étendus.
Néant partout. Désert du néant.
Des hommes arrivent. D'autres s'en vont.
XXXIX
Vieux monde que traverse, au galop, le cheval blanc et noir du Jour et de la Nuit,
Tu es le triste palais où cent Djemchids ont rêvé de gloire,
Où cent Bahrâms ont rêvé d'amour,
Et se sont réveillés en pleurant.
XL
Le vent du sud a flétri la rose dont le rossignol chantait les louanges.
Faut-il pleurer sur elle ou sur nous ?
Quand la Mort aura flétri nos joues,
D'autres roses s'épanouiront.
Navigation Précedent - Suivant |