Aphorismes XVIII

Un article de Caverne des 1001 nuits.

Seuls les mauvais disent que le mal n'existent pas.


Les bons mettent souvent beaucoup de temps à accepter qu'il y ait des mauvais car, dans leur candeur, ils voient, durant longtemps, le monde à leur image ; puis, quand ils voient les mauvais, ils les voient se faire passer pour des bons et dire que les mauvais n'existent pas.


Le discours des mauvais est étonnant : ils vont jusqu'à se vanter de laisser leur chance à d'autres mauvais, qu'ils étiquettent comme des bons en puissance, pour se dédouaner d'être mauvais.


Le mal appelle les dus, engendre les attachements ; le bien donne.


Le langage du mal utilise le langage du bien, mais en inversant le sens des mots.


Le mal est toujours drapé de bonnes intentions. Un des moyens de le dépister est de savoir pour qui est le "bien".


Le mal pour le mal est aussi rare que le bien pour le bien.


Au début du chemin spirituel, on peut douter de l'existence du bien et du mal ; puis on découvre le bien et le mal en soi et dans le monde ; on voit alors que l'un ne va pas sans l'autre ; puis l'espace au delà s'ouvre.


On peut projeter le mal en nous sur n'importe qui ou n'importe quoi hormis sur un saint ; car, pour que la projection tienne, il est nécessaire que la cible offre des prises.


Le mal cache, la plupart du temps, un trop grand attachement aux choses de ce monde.


Quand on s'attache trop aux choses, on devient peureux que des gens nous les enlèvent ; c'est alors que l'on commet le mal.


On peut commettre le mal par amour ou par amitié, par exemple, pour protéger des gens qui nous sont chers ; mais c'est une conséquence aveuglante de l'attachement et une incompréhension de l'amour ou de l'amitié ou un manque de vision globale.


Il y a une différence entre tolérance et acceptation. Le sage accepte, l'intolérant tolère.


Quand on "tolère", on classe les gens que l'on tolère comme potentiellement "non-tolérables".


La notion de tolérance est une notion d'exclusion, et non pas d'acception de l'autre.


L'homme religieux accepte les "égarés" car :

  • soit il a été un égaré,
  • soit il voit dans l'égarement des attachements à de mauvais objets,
  • soit il voit que l'égarement peut être éphémère et qu'il peut mener vers Dieu,
  • soit il reste prudent quant à son propre égarement et à sa faculté de juger de l'égarement des autres.


L'Homme accepte tous les dogmes, car Dieu a fait le monde tel qu'il est.


La première qualité d'un dogme doit être d'accepter sans juger le monde tel qu'il est ; sinon, le dogme est déjà blasphématoire par rapport à l'OEuvre de Dieu.


Notre destin s'accomplit, dans une large mesure, au travers des personnes au coeur pur que nous rencontrons.


Si le cours des choses nous fait rester auprès de personnes qui n'ont que peu d'intérêt, certains de nos potentiels ou de nos travers ne pourront respectivement fleurir ou guérir.


La vie est une suite de rencontres ; un des pièges de la vie est de faire du sur-place au sein des mêmes personnes, prisonnier d'une non-évolution intérieure.


Le destin de l'homme n'est pas social.


L'homme ne devrait pas rechercher le bonheur, mais la paix.


Le destin de tout homme est d'aller vers Dieu ; tous ne prendront pas le chemin et tous ceux qui le prendront ne prendront pas le même.


L'intellect masque le chemin spirituel.


Le problème des intellectuels est que, la réflexion étant facile pour eux, ils se sont habitués à percevoir le monde par la raison. Mais, en faisant cela, ils choisissaient la voie facile pour eux. Combien d'entre eux seront prêts à se mettre ou se remettre tout en bas de l'échelle, au niveau des moins intelligents, pour refaire le chemin vers Dieu avec le coeur ?


L'intellect, même chassé revient, et avec lui l'ego.


Il est impossible de fait comprendre à un intellectuel que l'on ne pense pas avec la tête.


Le mystique pense, mais pas du tout comme l'intellectuel.


Sur la voie de la connaissance, un intellect très puissant est nécessaire ; mais qui a la force et l'humilité de braver les millions de pièges de cette voie, tandis que la voie de l'amour ne possède pas ces types de pièges ?


Le chemin spirituel est renoncement, très difficile hormis dans la voie de l'amour où les choses se passent autrement.


Quelques soient les dogmes dans lesquels il s'inscrit, chaque homme interprète sa propre religion et en a un ressenti et une compréhension qui correspondent à sa propre nature.


La religion d'un homme lui est, dans une large mesure, personnelle, même si elle suit des voies balisées.


Sur le même sentier, deux hommes ne passent jamais exactement par les mêmes endroits. Que dire de deux hommes empruntant des sentiers différents ?


Tous les sentiments religieux, du plus simple au plus élevé, ont toujours existé et existeront toujours. Les critiquer, ou pire, les interdire, avec un dogme empêche le développement spirituel des personnes.


Plus le dogme est ouvert et soumis à interprétations diverses, plus la religion a de chances de se revivifier elle-même. Plus il est clos et plus la spiritualité le quitte, car mécaniquement, même véridique, un dogme clos ne permet qu'à très peu de gens d'entrer.


Le chemin religieux est empli d'étapes ; il faut donc que la religion permette ces étapes pour que les gens empruntent le chemin.


On ne peut arriver au sommet de la montagne sans emprunter un chemin qui y mène.


Le découragement est anti-religieux. Cela signifie que le dogme ne soit pas décourager.


Certains voient Dieu de l'intérieur, d'autres à l'extérieur ; tous ont raison car Dieu est à l'Intérieur et il est à l'Extérieur ; Il est le Visible et l'Invisible.


La succession des attributs de Dieu forment les premières balises sur le chemin de Dieu ; comme nous sommes tous différents, Dieu nous montre ses attributs dans des ordres différents.



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