Aphorismes X, de la connaissance
Un article de Caverne des 1001 nuits.
Il y a deux façons de connaître une chose : par l'intellect et par l'expérience. Le première façon induit une distance au monde, une fausse connaissance dans la mesure où elle n'est qu'une connaissance de la représentation de la chose. La seconde façon est antérieure à la représentation. L'expérience, si elle peut être intellectualisée, n'en reste pas moins un morceau de vie, et non un morceau de pensée, un souvenir de sensations, de sentiments et non une idée abstraite.
Il y a toujours plusieurs représentations de la même chose. Comment vas-tu choisir la bonne ? Ce choix a-t-il seulement toujours un sens ?
Il y a des choses qui ne se représentent pas, ou que l'on approxime par la pensée tout en sachant être toujours dans l'erreur.
L'expérience est à l'intellect ce que le corps d'une femme est à une statue de marbre.
L'écrit, qui est un support magique, est pourtant si ridiculement pauvre par rapport à la vie.
Quand on fouille derrière le connu, on trouve l'inconnu, très rapidement, tapi tranquillement derrière un petit mot : pourquoi ?
Plus on est convaincu de savoir les choses parce qu'on peut les démontrer, plus on devrait douter de la valeur effective de ce savoir.
Donnez-moi n'importe quelle thèse : je peux l'argumenter pour la démonter, selon l'envie, l'humeur et avec un peu de mauvaise foi. Et que vous adhériez ou refusiez mes arguments, vous n'en serez pas plus intelligents, quelque soit la thèse que je défendrai.
Toute pensée s'appuie sur des principes indémontrables, sur des axiomes en lesquels il faut croire ne serait-ce que pour commencer à penser. On peut alors sourire des moqueries des athées devant la foi.
Pour certains d'entre nous, l'intellect est le premier ennemi ; en particulier le premier ennemi de celui qui écrit ces mots.
Combien de mots écrits inutilement pour se convaincre de théories fausses ou dispensables !
La foi est l'essence de l'homme. S'il ne croit pas en un dieu, il se construit des avatars : les possessions matérielles, la carrière, l'argent, les grands hommes, l'art ou les artistes, etc.
Le plus grand ennemi du croyant est le croyant[1].
Juge-moi, toi qui n'est pas Dieu, et nos chemins se sépareront.
Il y a un temps pour quitter la caravane de ceux qui ne marchent pas dans la même direction. Seuls tes pas peuvent te montrer le chemin de l'oasis que tu cherches[2].
A trop côtoyer des incrédules, on finit à ne plus croire en soi-même.
La foi véritable est un don de Dieu.
Le concept de destin ennuie les intellectuels qui y voient une remise en cause de leur libre-arbitre matériel. Cette vision est naïve, car il ne s'agit pas de « destin matériel », lieu où le libre-arbitre s'exprime, mais de destin spirituel, sphère où rien ne se produit au hasard.
L'intellectuel raisonne sur tout, y compris sur Dieu. Il commet une double faute :
- logique d'une part car Dieu n'est pas défini en tant qu'objet sur lequel porter un raisonnement ;
- spirituel d'autre part, car Dieu n'est pas accessible à l'intellect.
La plupart d'entre nous, nous ne comprenons pas que d'autres personnes peuvent vivre des expériences radicalement différentes des nôtres. Des lors que l'on parle de Dieu, l'incommunicabilité arrive vite.
L'intellect a beaucoup de vertus, mais comme tous les beaux outils, il ne doit être utilisé que ce à quoi il se destine.
Croire fait peur aux intellectuels, car ils assimilent foi et manipulation. Mais les croyants manipulés ont-ils vraiment tous la foi ? Et les athées manipulés, en quoi croient-ils ?
En usant de l'intellect avec honnêteté et méthode, on voit que les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles le paraissent.
L'intellect mène à Dieu, même si le chemin est plus long que celui du coeur.
Rire de la foi est une forme de cynisme orgueilleux, c'est-à-dire un malaise ressenti par le rieur en pleine lutte contre lui-même : son intellect prétentieux se moquant du croyant en l'humiliant, et sa sensibilité refoulée masquant une peur de l'inconnu.
L'orgueil est la maladie des incrédules.
L'expérience mystique ne fait pas de prosélytes.
Toute personne se pose un jour la question de Dieu. Combien il est dommage que beaucoup y répondent avec des formules sociales, qu'ils soient croyants ou athées, au lieu de sonder leur propre cœur !
Derrière les mêmes mots, on peut mettre des choses différentes : des expériences ou le froid d'idées empruntées à d'autres.
Dieu est intime et il est souvent préférable de n'en point parler à qui ne pourrait comprendre sans juger.
Juger les autres, c'est se nier soi-même.
Il y a une différence entre juger et voir tout comme il y a une différence entre énoncer le bien et le mal (pour les autres surtout) et voir le bien et le mal.
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